La Sibérie au mois d'août

Dauphiné Libéré (Janvier 2005)
Annie Sorrel et Carla Kleekamp.

Destination le fin fond de la Russie! Deux artistes ardéchois, Carla Kleekamp et Eric Dussiot, emportent vers Krasnoyarsk leurs propres oeuvres ainsi que celles du peintre Jean-Michel Ponsonnet et de la photographe Annie Sorrel.

La Sibérie au mois d'août. Par ces jours caniculaires, voilà qui devrait tenter plus d'un voyageur estival. Pourtant ce n'est pas en touristes ordinaires que le 4 août s'embarqueront Carla et Eric. Artistes, ils auront pour bagages leurs propres oeuvres ainsi que celles de deux collègues et amis ardéchois, le peintre Jean-Michel Ponsonnet et la photographe Annie Sorrel.
Tous participeront, directement ou indirectement, à une exposition internationale qui se déroulera simultanément au musée de Krasnoyarsk et dans une galerie de Yenisseysk avec vernissages successifs les 10 et 14 août,
Ce projet culturel s'inscrit dans la suite logique de l'invitation lancée par la Fédération des oeuvres laïques de l'Ardèche à l'automne dernier en direction de peintres tels Viktor Sachevko, Toive Teyannel et Valery Kudensky qui avaient exposé dans l'Espace Envol. Ainsi Carla Kleekamp se fait une grande joie de retrouver aussi Dimitri Ploskov, le conservateur du musée d'arts modernes. « J'ai organisé avec lui cette expédition pour donner aux Sibériens le plaisir de découvrir des artistes français, hollandais et allemands. J'ai découvert ce pays il y a huit ans. Je m'y suis rendue plusieurs fois depuis. Au début, j'imaginais une région assez sauvage. Bien au contraire, en Sibérie, il y a de grande villes comme Krasnoyarsk et son million d'habitants avec de l'art et de la culture ». Elle voyagera avec ses eaux-fortes, aquarelles et pointes sèches qui évoquent tour à tour la danse, la vision d'un futur très lointain (3030 !) et les paysages très proches, ceux du Vivarais. Elle y a ajouté un portrait de Céline et de ses chats.
Dimitri les attend au musée d'art moderne,..

Avec des images d'Ardèche
Jean-Michel Ponsonnet ne fera partie du voyage que par toiles interposées. Ses acryliques sur papier et bois gravés, au nombre de quinze, ont été tout spécialement réalisés pour l'exposition au fin fond de la Russie. « Bien entendu, explique l'artiste de Saint-Priest, il s'agit de compositions abstraites. Quine comportent aucune note spéciale mais quand on fait un travail on a des images alors, peut être, que cela ressort. Cela me fait très plaisir de participer à ces expositions bien que je n'y aille pas personnellement. Ce que l'on recherche, ce n'est pas aller le plus loir possible mais aller ailleurs ».
Annie Sorrel regrette également de ne pas prendre la direction de la Sibérie. Elle vient de mettre le cap sur le Rai asthan pour réactualiser et compléter le guide dont elle est l'auteur. Elle a confié à Carla Kleekamp deux séries de photographies. La première traite de cette partie de l'Inde qu'elle connaît et adore, la deuxième donne quelques reflets de l'Ardèche. « C'est le Rajasthan qui m'interdit de me rendre en Russie. C'est pourtant lui qui ira à Krasnoyarsk / J'ai choisi des clichés montrant les gens du Rajasthan et leurs activités. J'ai pris la couleur rouge comme fil conducteur. Toutefois, je trouve bizarre qu'une artiste française aille en Russie sans les images de son pays. ,J'ai donc proposé une exposition sur l'Ardèche automnale, de la brume au couchant, loin des cartes postales touristiques ».
Eric Dussiot, voisin de Carla Kleekamp du côté de Saint-Lager-Bressac, n'a pas manqué de montrer ses propres toiles à Dimitri lors du séjour ardéchois de celui-ci. Le voilà donc également en partance, toiles sous le bras pour ainsi dire. En tant qu'architecte et surtout artiste, il emporte avec lui une série née de la perception d'une étrange maison dans un paysage intemporel et sur laquelle il a laissé courir son imagination et sa méditation comme si le temps passait sur la vie de la peinture. A son tour, il explique sa position :
« C'est la première fois que je me rends en Russie. J'ai passé dix ans aux États-Unis, voilà 14 ans que je suis ici mais je demeure assez isolé. Je suis donc ravi de partir avec des collègues. Je vais pouvoir rencontrer des artistes, échanger et sans doute revenir avec d'autres idées de peinture. J'aime rendre l'émotion sur le papier »...
Rejoints par leurs collègues néerlandais et allemands, les voyageurs ardéchois devraient se trouver à pied d'oeuvre au début du mois d'août et en profiter pour goûter à l'été sibérien, joignant ainsi l'agréable touristique au... plaisir culturel.

Gilbert JEAN