BALADE SIBÉRIENNE
pour deux artistes peintres...

Dauphiné Libéré (27 Août 2006)

Norilsk et son soleil de minuit

A près un court séjour à St-Petersbourg et la découverte du célébrissime musée de l'Ermitage, deux artistes connus de la région privadoise, Clara Kleekamp (St-Lager-Bressac) et Jean-Michel Ponsonnet (St-Priest), accompagnés par Dimitri Ploskov, responsable culturel de Krasnoyarsk, ont fait le voyage jusqu'à Norilsk, lointaine ville de la région arctique de Sibérie. Il s'agissait pour eux d'accrocher leur oeuvres dans la Norilskaya Hkoudojestvennaya Galeria et de partager les cimaises avec des artistes de Berlin, de Krasnoyarsk et de la région de Norilsk pendant plusieurs semaines d'exposition estivale.

Dépaysement total... non seulement pour les artistes ardéchois mais aussi pour Dimitri Ploskov et les accompagnateurs russes, parmi lesquels le photographe Sergueï Sommer, qui n'avait jamais fait ce «saut» de 2 000 km dans le grand nord de son propre pays.

Ville champignon, très soviétique, Norilsk n'a poussé qu'au XXeme siècle avec la découverte et l'exploitation de gisements de divers minerais, et, comme ailleurs en Sibérie, avec une main d'oeuvre issue du goulag. C'est une ville industrielle dont les mécènes des artistes locaux ne sont autres que les compagnies de nickel, de cuivre et de gaz naturel. Implantés à une latitude de 70° dans le Cercle arctique, ses bâtiments, comme ses habitants, doivent lutter contre les rigueurs d'un hiver qui dure neuf mois. Pourtant, au début du séjour, fin juillet, le thermomètre affichait 27° vers 21 h 30 et les artistes découvraient une population bien décidée à profiter de chaque rayon d'un soleil généreux jusqu'à 23 heures, et d'un ciel lumineux toute la «nuit». Musique aux terrasses de café ou improvisée sur les places, magasins ouverts, promeneurs déambulant dans les rues principales telle le Prospekt Lenina, l'inspiration artistique s'est vite mise à l'heure sibérienne du soleil de minuit.

CARLA KLEEKAMP ET LES FLEURS DE SIBÉRIE
Hollandaise d'origine, Ardéchoise de cour, Carla Kleekamp redevient volontiers sibérienne. Les cinq eaux-fortes qu'elle a accrochées aux cimaises de la galerie de Norilsk, telle sa composition paysagiste, "Le matin - Le soir", semblent être directement inspirées de ses séjours antérieurs, notamment en Khakassie, tout au sud de l'immense Sibérie. Les traits de burin de l'artiste de St-Lager-Bressac savent également être résolument engagés pour souligner les problèmes écologiques du monde moderne en Sibérie, et partout ailleurs.

Celia Négrel